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Protection de l'enfance : l'accompagnement des majeurs, une opération "rentable" selon des associations
information fournie par AFP 13/11/2025 à 16:33

Des dépliants lors d'une manifestation à Paris en soutien aux enfants de l'aide sociale à l'enfance, le 15 mai 2025 ( AFP / LEO VIGNAL )

Des dépliants lors d'une manifestation à Paris en soutien aux enfants de l'aide sociale à l'enfance, le 15 mai 2025 ( AFP / LEO VIGNAL )

Une "piste de réflexion" en plein débat budgétaire : des associations mettent en avant le "gain financier" d'un accompagnement effectif des jeunes majeurs issus de l'aide sociale à l'enfance (Ase), exhortant Etat et collectivités à investir sur le long-terme.

Au-delà "d'une nécessité sociale et humaine", l'accompagnement de ce public vulnérable "est un investissement économique largement rentable pour les finances publiques", selon une étude publiée jeudi par le collectif Cause majeur !

En croisant des données de la Drees, de l'Insee, de France Travail, de l'Assurance maladie ou des impôts, ce collectif, qui regroupe une trentaine d'associations (Apprentis d'Auteuil, Sos Villages d'enfants ...) , s'est basé sur trois parcours de vie : un accompagnement jusqu'à 18 ans, un jusqu'à 21 ans et un jusqu'à 25 ans.

Ses calculs, qui prennent en compte à la fois les dépenses (RSA, hébergement d'urgence...) et les recettes (cotisations sociales, patronales, impôts sur le revenu...) dans chacun des trois scénarios, concluent à un "gain net total de 1,8 million d'euros sur l'ensemble de la vie du jeune" en cas d'accompagnement jusqu'à 25 ans - "soit 21 fois le coût initial de son accompagnement jeune majeur".

"Chaque euro investi dans l’accompagnement rapporte plusieurs fois sa valeur à la collectivité alors que les sorties sèches enferment les jeunes dans la précarité et coûtent bien plus cher à la société, humainement et financièrement", insiste Florine Pruchon, responsable du plaidoyer du collectif qui espère que l'exécutif se saisisse de cette "piste de réflexion".

Depuis la loi Taquet de 2022, tout jeune majeur issu de la protection de l'enfance - ils sont selon les derniers chiffres officiels plus de 30.000 sur l'ensemble du territoire - et ne disposant pas de ressources ou d'un soutien familial suffisants a droit à un accompagnement matériel, éducatif et psychologique.

Mais les manquements à ce principe, qui vise à éviter une bascule de ces jeunes aux parcours cabossés et tout juste sortis de l'adolescence dans la précarité, le chômage ou le sans-abrisme, restent nombreux.

Ces derniers mois, la Cour des comptes et l'Igas, l'inspection générale des affaires sociales, ont coup sur coup pointé une mise en oeuvre très disparate selon les départements, qui ont compétence en la matière.

- "Gâchis social" -

Sur le terrain, des associations sont à pied d'oeuvre pour tenter de pallier l'absence de l'Etat, à l'image des Apprentis d'Auteuil qui ont mis en place un dispositif d'accompagnement, la Touline, en 2016.

"On aide ces jeunes dans leurs démarches en termes d'accès au logement, à l'emploi et aux services de santé mais surtout on contribue à rompre leur isolement", explique Maxime Chopard, coordinateur du dispositif qui accompagne chaque année entre 1.500 et 2.000 jeunes dont une majorité d'ex-mineurs non accompagnés (MNA).

Mais pour aider ce public au "parcours chaotique parfois traumatisant", il faut des financements publics "à la hauteur", ajoute-t-il. "Or pour la première fois, on va devoir fermer une Touline faute de financement. Au 1er janvier 2026, 110 jeunes vont rester sur le trottoir".

Estimant que "la société a tout à gagner à accompagner" ces jeunes, l'ensemble des associations réunies dans Cause majeur ! appellent à l'instauration d'un véritable "droit opposable à l’accompagnement", à poursuivre cet accompagnement "jusqu’à 25 ans si nécessaire" et à un "financement pérenne" de l'Etat.

"C'est quand même incompréhensible et absurde que ces jeunes qui ont été soutenus durant leur minorité soient livrés à eux-mêmes du jour au lendemain", relève Florine Pruchon, dénonçant un "vrai gâchis social". "Il est temps que les politiques mettent un terme aux logiques court-termistes."

1 commentaire

  • 16:47

    On voit déjà très bien le gain financier.... pour les associations... dans un premier temps, qu'on vérifie la fameuse minorité des MNA (de 25 ans ou plus pour certains).


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